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saillant du bord alvéolaire de la mâchoire supérieure, et en représentant cette mesure de part et d'autre par 100.
Longueur de la face jusqu'à l'angle postorbitaire : chez le Meles leptorhynchus, 64 ; chez le Meles leucoloemus, 75.
Largeur minimum du crâne derrière les orbites : chez le Meles leptorhynchus, 19 ; chez le Meles leucoloemus, 31. Largeur de la tête, y compris les arcades zygomatiques : chez le Meles leptorhynchus, 71 ; chez le Meles leucoloemus, 81. Longueur maximum de la tête entre les oreilles : chez le Meles leptorhynchus, 55 ; chez le Meles leucoloemus, 64. Largeur de la boîte crânienne, mesurée au même niveau, mais sans y comprendre la saillie auriculaire : chez le Meles leptorhynchus, 52 ; chez le Meles leucoloemus, 41. Longueur du palais, du bord alvéolaire antérieur jusqu'à l'extrémité des apophyses ptérygoïdes : chez le Meles leptorhynchus, 84 ; chez le Meles leucolcemus, 97.
Le Meles (Arctonyx) leucoloemus a été envoyé au Muséum, des environs de Pékin, par M. l'abbé David. Sa longueur, mesurée de l'extrémité du museau à la base de la queue, en suivant la courbure du dos, est d'environ 0m,72.
§ 16. — GENRE PUTORIUS.
PUTORIUS FONTANIERII.
(Voyez pl. LSI, fig. 1.)
Cette espèce, par la teinte de son pelage, rappelle le Mustela altaica, décrit par Pallas dans sa Zoographie russo-asiatique (1); mais il est facile de l'en distinguer par ses dimensions plus considérables et sa queue plus longue. La couleur générale du corps est d'un fauve jaunâtre pâle, blanchissant un peu sur les flancs et devenant plus blanc encore sur la partie inférieure de la tête, le dessous du cou et même le devant
(1) Pallas, Zoographia rosso-asiatica, t. I, p. 98.
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de la poitrine. La bouche est entourée d'une bordure labiale peu indiquée, et sur les joues les poils tirent un peu sur le blanc. Le dessus du museau et le front sont d'un brun plus foncé que le reste du corps, mais sans mélange de noir. Les pattes ont à peu près la même teinte que les épaules. Enfin, la queue, dont les poils sont assez longs, sans être touffus, est notablement plus rousse que les autres parties et sa teinte ne change pas vers l'extrémité. Sa longueur est au moins égale à trois fois celle de la tête, tandis que chez le Putois de l'Altaï (Mustela altaica, Pallas) elle n'a que deux fois la longueur de la tête.
Longueur du corps depuis l'extrémité du museau jusqu'à la base de la queue
en suivant les courbures du dos 0,28
Longueur de la queue 0,16
La dépouille de ce petit Putois nous a été envoyée de Pékin par les soins de M. Fontanier. Malheureusement la tête osseuse avait été retirée de la peau.
§ 17. — GENRE PELIS.
Les recherches faites par M. l'abbé A. David, ainsi que les collections envoyées au Muséum par M. Fontanier, attaché au consulat de France à Pékin, jettent de nouvelles lumières sur quelques-uns des points de l'histoire des Felis de la Chine.
Depuis fort longtemps l'existence du Tigre royal dans cette partit; de l'Asie avait été signalée par quelques auteurs (1), et nous savons aujourd'hui, par les observations de MM. Ehrenberg, Brandt, Schrenck et Radde, que ce grand carnassier, si commun dans les régions tropicales de l'Asie (à l'exception de Bornéo et de Ceylan), s'étend au nord, depuis le Caucase jusque sur les bords du fleuve Amour, et se montre même dans l'île Sakhalien, située au nord de l'archipel japonais.
(1) Bewick, Hist. of Quadrupeds, 1806, p. 206.
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M. l'abbé David a constaté que le Tigre n'est pas seulement un hôte passager dans les montagnes du nord de la Chine, mais qu'il se propage dans les forêts de la Mandchourie, et qu'il se fait redouter des habitants du voisinage de Pékin (1).
En 1854, le Muséum d'histoire naturelle obtint, par les soins de M. de Montigny, la dépouille d'un de ces beaux Chats gigantesques provenant du nord de la Chine. Ce Tigre se fait remarquer par son pelage plus long et plus fourni que celui des Tigres de l'Inde, de Java et de la Cochinchine, avec lesquels j'ai pu le comparer; on remarque aussi que la couleur fauve du dos est plus brune. Mais ces différences sont trop légères pour que l'on puisse douter de l'identité spécifique de ces animaux; et, d'ailleurs, M. l'abbé David nous apprend que dans la Mandchourie leur teinte varie beaucoup : il y a des individus qui sont d'un brun noir, tandis que d'autres sont d'un blanc parfait (2). Je n'ai pas eu la possibilité d'examiner la tête osseuse d'un Tigre de Chine, mais j'ai pu suppléer jusqu'à un certain point à l'absence de ce terme de comparaison, grâce à l'obligeance de M. Brandt, qui a bien voulu envoyer à mon regretté maître et ami M. Lartet le moulage de la tête d'un Tigre de la Sibérie. M. Brandt, comme on le sait, a étudié comparativement les caractères ostéologiques de cette partie du squelette chez le Tigre de Sibérie, le Tigre du Caucase et un Tigre venant probablement de l'Inde, et il n'a pu y constater que des variations insignifiantes. C'est aussi le résultat auquel je suis arrivé. Les seules différences de forme qui m'aient frappé entre cette tête moulée et une tête de même dimension appartenant à un Tigre de Siam, consistent dans les particularités suivantes: chez le premier, le museau est un peu moins gros relativement à la boîte crânienne ; celle-ci
(1) A. David, Journal d'un voyage en Mongolie (Nouv. Arch. du Muséum, t. III, Bulletin, p. 26, 1867).
(2) Griffith a figuré un Tigre, variété albine, mais sans connaître la patrie de cet animal(The Animal Kingdom, by Cuvier, t. III, Suppl., p. 444.)
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offre plus de longueur et envahit davantage latéralement les dilatations du temporal qui s'étendent en forme de gouttières jusqu'aux apophyses mastoïdes. La portion de ces apophyses qui se voit à la base du crâne du côté extérieur des caisses est aussi un peu moins développée ; mais ces différences sont trop minimes pour que l'on puisse les considérer comme caractéristiques d'une espèce.
Indépendamment du grand Felis à robe tachetée, qu'au premier abord on prendrait certainement pour une Panthère ordinaire, que j'ai désigné sous le nom de F. Fontanierii, et que j'étudierai d'une manière plus complète, il y a encore, dans le nord de la Chine, un carnassier de moindre taille dont les chasseurs ont souvent parlé à M. l'abbé David, mais sans pouvoir lui en procurer la dépouille. Ils appellent cet animal le Thou-pao, et le dépeignent comme étant bas sur jambes, de couleur obscure et sans taches orbiculaires. C'est peut-être le Felis macroscelis de Temminck ou Felis nebulosa de Griffith, animal que M. Swinhoe a trouvé à Formose, et a nommé Leopardus brachyurus (1).
J'appellerai aussi l'attention des zoologistes sur le Felis irbis de la Chine, et sur quatre petites espèces du genre Chat, dont l'une, quoique déjà décrite, n'est qu'imparfaitement connue, et dont les autres me paraissent être nouvelles.
FELIS FONTANIERII.
(Voyez pl. XXIX, XXX et XXXI.)
Ann. des sc. nat., ZOOL., 5e série, 1867, t. VIII, p. 375. — FELIS PARDUS? Swinhoe, Mammals of China [Proceed. of the Zool. Soc. of London, 1870, p. 628).
Les grands Chats à robe tachetée que l'on désigne communément sous le nom de Panthères présentent, dans leur mode de coloration, si
(1) Swinhoe, Proceed. Zool. Soc, 1863, p. 352, pl. XLIII. — F. macroscelis, Swinhoe, Chincse Mammals (Proceed. Zool. Soc, 1870, p. 628).
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peu de fixité que j'aurais hésité à considérer comme appartenant à une espèce nouvelle un des animaux de ce groupe qui ne se serait distingué que par ses caractères extérieurs; mais les particularités ostéologiques que ma ferte leFelis Fontanierii sont si frappantes, que je crois ne pas trop m'avancer en le séparant spécifiquement des Panthères de l'Inde et de l'Afrique, auxquelles il ressemble d'ailleurs beaucoup par son aspect général. En effet, ce Felis est caractérisé de la manière la plus nette par la brièveté de son museau (1). Chez les nombreuses variétés du Felis Pardus, dont j'ai pu examiner la tête osseuse, la longueur de cette partie de la face comprise entre le bord antérieur de l'alvéole de la canine et le sommet de la branche montante de l'os maxillaire supérieur excède de beaucoup la largeur de l'espace compris entre le bord externe des trous sous-orbitaires, tandis que chez le Felis Fontanierii ces deux longueurs sont égales entre elles. Ce caractère peut aussi bien s'observer dans les très-jeunes individus que dans les adultes. Les os nasaux ne se relèvent pas vers leur extrémité antérieure, ils forment avec la région fronto-pariétale une courbe régulière. Le front est étroit: sa plus grande largeur, mesurée entre les angles orbitaires externes, est égale à la distance comprise entre le sommet de la suture médiane du nez et le bord inférieur des trous sous-orbitaires. La voûte palatine est très-courte ; le bord inférieur des arrière-narines ne dépasse que de très-peu la ligne transversale qui réunirait le bord postérieur des derniers alvéoles. La portion basilaire du crâne est très-développée : la distance comprise entre le bord postérieur des condyles occipitaux et les trous sphéno-orbitaires étant égale à la longueur totale du bord alvéolaire du maxillaire supérieur, tandis que chez les Panthères proprement dites la première de ces mesures est notablement inférieure à la seconde.
Par quelques-uns de ces caractères, la tête osseuse du Felis Fonta(1)
Fonta(1) pl. XXXI.
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nierii paraît ressembler à celle d'une Panthère figurée récemment par M. Gray sous le nom de Leopardus chinensis (1), désignation que le même zoologiste avait appliquée jadis à un Chat de petite taille et ne rentrant pas dans la division des Panthériens (2); mais les différences qui existent entre les têtes de ces deux Félins sont si tranchées, que l'on ne saurait les considérer comme appartenant à des animaux de même espèce. Ainsi, chez le Felis Fontanierii, la boîte crânienne est beaucoup plus élevée. Sa hauteur, mesurée du bord supérieur du trou auditif au niveau du plan horizontal passant sur le sinciput, est égale à la hauteur de l'os maxillaire supérieur, mesurée au niveau du canal sousorbitaire, tandis que sur le crâne figuré par M. Gray, elle est de beaucoup inférieure à cette dernière longueur. Chez le Leopardus chinensis, la bulle auditive paraît être aussi beaucoup moins saillante que chez le Felis Fontanierii. J'ajouterai que M. E. Gray paraît disposé à croire que le crâne dont il parle pourrait appartenir au F. brachyurus décrit par M. Swinhoe, espèce très-différente de celle qui nous occupe ici (3).
Le Felis Fontanierii se distingue aussi des Panthères ordinaires par la nature de son pelage et par la disposition des taches dont il est orné. Le poil est long, doux et très-fourni. La plupart des taches noires qui constituent les rosaces, au lieu d'être séparées entre elles comme chez les Panthères, sont, sur l'animal adulte, complétement confluentes, et forment ainsi de larges anneaux complets comme chez le Jaguar, bien que le champ fauve ainsi encadré ne présente pas, comme dans ce dernier, de tache noire centrale. Ces rosaces sont bien dessinées sur la
(1) Gray, Notes on the skulls of Cats (Proceed. of the Zoolog. Soc. of London, 1867, p. 264, fig. 2).
(2) Felis chinensis, Gray, Description of some new or little known Mammalia (Charlesworth's Mag. of nat. Hist., 1837, t. I, p. 577). — Leopardus chinensis, Gray, List of the specimens of Mammalia in the collection of the British Museum, 1843, p. 43.
(3) M. Swinhoe a reconnu récemment que son F. brachyurus (Proceed. of the Zool. Soc. of London, 1862, p. 352, pl. XLIII) n'est qu'une variété locale du F. macroscelis de Temminck (Swinhoe, Mammals of China, in Proceed. of the Zool. Soc, 1870, p. 628).
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région scapulaire, aussi bien que sur le dos et la partie supérieure des flancs. Elles sont plus grandes et moins nombreuses que chez les Panthères : on n'en compte que six ou sept rangées longitudinales ; celles de la moitié inférieure des flancs deviennent pour la plupart pleines, le jaune du centre disparaissant presque complétement. Les taches noires cessent aussi d'être annulaires sur les cuisses; sur le dos, le fond fauve du pelage forme entre les rosaces un dessin assez régulier imitant des quadrilatères, à peu près comme chez le Jaguar. Enfin la queue, longue et très-touffue depuis sa base, est marquée de grandes taches noires qui, dans sa moitié postérieure, constituent de larges anneaux presque complets ; vers l'extrémité de cet appendice, le fond jaune pâlit beaucoup et prend une teinte blanchâtre.
Chez un individu plus jeune, dont je donne également ici une figure (1), les rosaces annulaires sont moins distinctes et se trouvent mêlées à un plus grand nombre de taches noires irrégulières ; mais le caractère général du pelage est déjà très-bien marqué, et suffit pour distinguer cette espèce de toutes les Panthères, soit de l'Inde ou de l'Asie Mineure, soit de l'Afrique. Je serai moins affirmatif au sujet des différences qui peuvent exister entre le Felis Fontanierii et le Leopardus japonensis de M. Gray (2). Malheureusement ce dernier n'est connu que par une fourrure envoyée du Japon, par la voie du commerce, comme objet de pelleterie, et il n'a pu être caractérisé d'une manière suffisante. Le dos et les flancs de cette Panthère sont ornés, comme chez le F. Fontanierii, de grandes rosaces noires et la queue est très-touffue ; mais cette espèce se distingue par l'absence presque complète de ces rosaces à centre fauve sur les épaules, et par la disposition moins annulaire des taches de la queue. D'ailleurs pour bien apprécier la valeur de ces particularités de coloration, il faudrait savoir si elles coïncident ou non
(1) Voyez pl. XXIX.
(2) Descript. of some new Species of Mammalia (Proceed. of the Zoolog. Soc. of London, 1863, p. 262, pl. XXXIII).
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